Les associations environnementales suivent de près le développement de l’éolien en mer

23/11/2016L'environnement

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Entretien avec Marie Atinault, présidente de la Fédération Horizon Normandie Nature Environnement (HNNE).

Marie Atinault, pouvez-vous nous dire quelques mots sur la fédération HNNE ?

Logo de l'Horizon Normandie Nature EnvironnementHNNE est une fédération regroupant près de 50 associations normandes, historiquement implantées en Seine Maritime et dans l’Eure. Certaines sont plutôt naturalistes et s’intéressent à la connaissance et à la protection de la biodiversité et des milieux naturels, tandis que d’autres, environnementalistes, sont attentives à la qualité de l’eau, de l’air, des sols, à la transition énergétique, à l’aménagement du territoire et aux risques. HNNE est affiliée depuis sa création à FNE[1] et est agréée pour la protection de l’environnement.

Le 24 novembre, en assemblée générale extraordinaire, nous allons ouvrir notre fédération aux associations de Basse-Normandie et ainsi devenir la première fédération d’APNE[2] œuvrant sur l’ensemble de la grande Normandie. L’objectif de cette union est de gagner en efficacité, en visibilité et en coordination pour mieux défendre la nature et l’environnement de notre région.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis des parcs éoliens en mer, dont celui de Dieppe et Le Tréport ? 

Le développement des énergies marines renouvelables (EMR) fait partie des grandes orientations de notre fédération. Foncièrement attachés à la transition énergétique, nous défendons le droit à une énergie propre indépendante des énergies fossiles et fissiles, et utilisant les ressources locales. L’éolien en mer fait partie des énergies qui nous permettront demain de satisfaire nos besoins incompressibles en énergie.

La Normandie dispose d’une façade maritime parmi les mieux exposées aux vents dominants et aux courants : il nous semble donc naturel de développer l’éolien et l’hydrolien compte tenu des caractéristiques de notre région.

C’est notre souhait, mais c’est surtout un projet global allant bien au-delà des frontières normandes : sans parcs éoliens en Manche, la France et l’Europe ne pourront atteindre leurs objectifs énergie-climat aux horizons 2020 et 2030.

Autre point, le modèle économique de notre territoire doit évoluer en ce sens. Dès maintenant, il faut préparer les activités, les emplois et les formations de demain. Parmi elles, la filière éolienne en mer a toute sa place. Notre région est marquée par un fort historique industriel lié aux énergies fossiles ayant fait la richesse du territoire, mais malheureusement appelées à disparaître progressivement. Nous devons préparer cette inévitable mutation industrielle et ainsi proposer aux jeunes de nouveaux emplois pérennes et non-délocalisables.

Pour autant, il n’est pas question que le développement de l’éolien en mer se fasse au détriment de l’environnement. Nous sommes attentifs aux choix techniques mis en œuvre, à la qualité des études d’impacts et aux mesures d’évitement et de réduction. Le chantier, l’exploitation puis le démantèlement des parcs doivent donner lieu à un suivi continu de l’environnement.

Photo utilisée pour illustrer le suivi de près du développement de l’éolien en mer par les associations environnementales

Crédits : Marie Atinault

Vous avez participé plusieurs fois à des rencontres publiques relatives au projet, qu’en avez-vous tiré ? 

La concertation avec les parties prenantes est essentielle pour un projet de cette ampleur, qui, sans ce minimum de démocratie n’aurait aucune légitimé. Mais au sein de HNNE, nous souhaiterions même aller au-delà de la concertation, en encourageant la participation des acteurs du territoire à la gouvernance et au financement des projets, afin de bénéficier d’une partie des retombées économiques.

La transition énergétique doit se faire « par et pour » les territoires. Chaque habitant ou commune du littoral devrait pourvoir participer à la vie et au financement des projets éoliens au large de nos côtes. Cela se fait ailleurs en Europe. Pourquoi pas chez nous ?

Quels sont vos projets pour 2017 ?

Notre premier grand projet pour les 2 ans à venir s’intitule « Littoral en mouvement ». Il permettra de sensibiliser les usagers du littoral à l’impact du changement climatique sur le trait de côte, ainsi qu’au développement des EMR.

Nous allons également mettre en place un projet sur les déchets, en organisant un événement multi-associatif et des actions de nettoyage et ramassage sur le terrain.

Enfin, nous avons prévu de lancer un projet « Sentinelle de l’environnement », afin de permettre à chacun de mieux connaître la réglementation environnementale, d’identifier les dégradations commises et de sensibiliser les usagers des sites dégradés. Ce travail de médiation/formation devrait permettre peu à peu de réduire le nombre d’atteintes à l’environnement.

Comment résumer votre position sur l’éolien en mer ?

Les énergies renouvelables sont relativement difficiles à développer en Normandie : bien que chacun partage le souhait de réussir la transition énergétique, elles suscitent de fortes oppositions, parfois radicales. Pourtant, tous les normands ne sont pas de cet avis.

Lors d’une Conférence de presse le 12 octobre dernier, à l’initiative de HNNE, une quinzaine d’associations ont créé le Mouvement des acteurs normands pour l’éolien en mer. Ce mouvement doit désormais grandir, en fédérant d’autres associations mais aussi des acteurs économiques et des représentants des collectivités locales. Le soutien aux Energies marines renouvelables et à la maîtrise de l’énergie doit passer au-delà des clivages traditionnels.

La transition énergétique est une opportunité dont nous devons nous saisir maintenant, pour ne pas le regretter dans 20 ou 30 ans.

[1] FNE : France Nature Environnement

[2] APNE : Associations de protection de la nature et de l’environnement