Une étape franchie dans la concertation autour du raccordement du parc éolien en mer
Réseau Transport d’Electricité (RTE) est le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français : sa mission est de maintenir l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité. Il est le maître d’ouvrage du raccordement du parc éolien en mer de Dieppe – Le Tréport au réseau de distribution électrique.
Entretien avec Alexandre Irle, responsable du projet de raccordement du parc éolien en mer de Dieppe – Le Tréport.
Dans quel cadre la concertation pour le raccordement électrique du parc éolien de Dieppe Le Tréport a-t-elle lieu ?
La concertation sur les projets menés par RTE est organisée en deux temps :
- Dans un premier temps, des réunions sont organisées avec les acteurs du territoire (élus, associations, parties prenantes) pour trouver une aire d’étude dans laquelle sont ensuite étudiés tous les tracés de raccordement électrique possibles. Dans le cas du projet de raccordement du parc éolien en mer de Dieppe – Le Tréport, l’aire d’étude a été validée par la sous-préfecture de Dieppe le 14 avril 2015.
- Dans un second temps, des études techniques et environnementales supplémentaires sont réalisées pour comparer les tracés de raccordement possibles à l’intérieur de l’aire d’étude choisie. Un nouveau processus de concertation est mis en place avec les mêmes acteurs, pour discuter plus précisément des tracés envisagés. Le tracé en mer puis à terre, ou fuseau dit « de moindre impact », ont été validés lors d’une réunion au sein de la sous-préfecture de Dieppe le 26 janvier 2016.
Quelles études techniques et environnementales avez-vous menées jusqu’à présent ? Pourquoi avoir choisi un fuseau plutôt qu’un autre ?
Nous avons mené à la fois des études techniques et des études environnementales, à terre et en mer.
Ces études avaient pour objectif d’évaluer la faisabilité des différentes solutions de fuseaux de raccordement envisagées, notamment au niveau de l’atterrage du câble soit à Penly, soit à Criel s/ Mer.
D’un point de vue environnemental, nous avons étudié tous les enjeux marins et en particulier ceux liés à la pêche. Nous avons mené de nombreuses campagnes de pêche scientifiques depuis l’été, en mobilisant une grande diversité de moyens : deux types de chaluts différents, des dragues à coquilles, des casiers, des filets.
Les deux tracés étudiés dans le cas du projet de Dieppe – Le Tréport présentaient des impacts en termes de pêche comparables :
- d’un côté le fuseau de raccordement allant jusqu’à Penly traverse une petite partie d’un grand gisement d’amandes de mer classé ;
- de l’autre, le fuseau allant jusqu’à Criel s/ Mer passait dans une zone riche en seiches et en soles.
Les autres critères environnementaux conduisaient eux à choisir un atterrage à Penly : évitement des zones environnementales sensibles de la vallée de l’Yère, moindre longueur de travaux à terre et atterrage techniquement plus simple à Penly.
Le fuseau de moindre impact étant choisi, qu’allez-vous faire désormais ?
RTE continue de mener des études environnementales au sein du fuseau choisi.
De nouvelles études techniques en mer comme à terre seront également menées, notamment une campagne d’études géotechniques qui devrait commencer au printemps. Des études de détails doivent être réalisées pour définir le tracé terrestre du raccordement et pour étudier le poste de raccordement qui devra être construit.
La localisation du poste de raccordement en zone agricole nous mène à organiser dès à présent une nouvelle phase de concertation spécifique avec les représentants des professions agricoles, la chambre d’agriculture régionale et les propriétaires des terrains concernés.
Quelle opportunité le raccordement d’un parc éolien en mer représente-t-il alors que le territoire compte déjà de nombreux parcs terrestres et une centrale nucléaire ?
L’électricité produite par ce parc éolien est destinée à être raccordée sur le réseau de grand transport d’électricité (400 000 volts) qui alimente non-seulement la consommation locale d’électricité mais également à une échelle plus large (la consommation de l’île de France par exemple).
Du fait de la présence de plusieurs centrales électriques, le réseau électrique 400 000 volts dans la zone le parc éolien en mer de Dieppe – Le Tréport présente l’avantage d’être robuste car il est déjà très développé. Créer un nouveau moyen de production dans une telle zone ne nécessite donc pas de gros travaux de développement de réseau à terre. Le réseau de transport d’électricité est déjà prêt pour accueillir la production du parc éolien en mer.
Comment l’électricité produite par le parc s’intègrera-t-elle dans l’équilibre du réseau électrique ?
Il existe une complémentarité entre les moyens de production d’électricité (nucléaire, énergies renouvelables, etc). Ce qu’il faut retenir, c’est que RTE est doté de modèles qui permettent de prédire la production éolienne à l’échelle régionale et française plusieurs jours à l’avance pour adapter le réseau en fonction du besoin. C’est donc la capacité d’anticipation de RTE alliée à la complémentarité des différents moyens de production d’électricité qui permettent de gérer l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité.